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9 mai 2015 6 09 /05 /mai /2015 16:48

Pour une Constitution européenne !

Laurent HÉNART, Maire de Nancy, Président du Parti Radical

« Nous ne coalisons pas des États, nous unissons des hommes » sont les mots avec lesquels Jean Monnet commence ses Mémoires et qui, à eux seuls, résument l'ambition européenne. Fondée sur une espérance, celle d'une paix durable, et sur une vision, celle d'une humanité réconciliée, l'unité politique de notre continent est le plus ambitieux défi lancé à nos peuples. Les célébrations de la Déclaration Schuman, fondement de la construction européenne, qui ont lieu tous les 9 mai sont là pour nous le rappeler régulièrement.

Il nous revient donc, à nous européens fédéralistes, d'avoir une nouvelle perspective d'action et surtout de faire renaître la foi en notre avenir commun. Héritiers d'une longue et riche histoire, nos sources d'inspiration sont nombreuses à commencer par les philosophes des Lumières et tous leurs successeurs à l'origine de textes ou démarches aussi fondamentaux que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, la Société des nations, la Déclaration universelle des droits de l'homme ou encore la Convention européenne des droits de l'homme.

Il nous revient surtout à nous européens fédéralistes de faire en sorte que l'Europe, unie dans sa diversité, puisse retrouver sa vocation première de phare de l'humanité. Rappelons-nous à cet instant les propos de Winston Churchill lorsqu'il proposa en 1946 la création des États-Unis d'Europe : « le salut de l'homme quelconque de toute race et de tout pays, ainsi que sa préservation de la guerre ou de l'esclavage, ont besoin de fondements solides et de la volonté de tous les hommes et de toutes les femmes de mourir plutôt que de se soumettre à la tyrannie ». On ne peut être plus clair : les institutions communes qu'il appelait de ses vœux devaient avant tout être au service de l'être humain.

Dans le droit fil de cette quasi profession de foi, la France et ses dirigeants ont saisi très tôt l'ampleur des enjeux et, de ce fait, ont toujours assumé une position de leadership pour la construction européenne. Très loin de la caricature du village gaulois, celle-ci a été incarnée par des hommes visionnaires comme Aristide Briand, Robert Schumann, Jean Monnet, Valery Giscard d'Estaing ou encore Jacques Delors. Malheureusement, la génération de responsables politiques qui les a suivi n'a pas été à la hauteur, laissant un goût de combat inachevé pour reprendre les propos du belge Paul-Henri Spaak.

Bien plus grave, il y a tout juste 10 ans, sous prétexte d'une grandeur perdue de la France, quelques un d'entre eux, motivés par des intérêts personnels et nationaux, ont menti à nos concitoyens et obtenu le rejet de ce qui devait être la première Constitution européenne. Fruit d'un long travail, celle-ci avait pourtant été élaborée, une nouvelle fois, par un Français, Valéry Giscard d'Estaing, aidé par deux éminentes personnalités européennes, l'italien Giuliano Amato et le belge Jean-Luc Deheane. La persévérance et la foi qu'ils ont mis dans ce travail étaient telles qu'elles avaient abouti à l'accord des vingt-cinq chefs d’État et de gouvernement, toutes tendances politiques confondues. Profondément européens, ils avaient réussi l'exploit de résumer dès la première phrase du Préambule toute notre histoire : « Conscients que l'Europe est un continent porteur de civilisation ; que ses habitants, venus par vagues successives depuis les premiers âges de l'humanité, y ont développé progressivement les valeurs qui fondent l'humanisme : l'égalité des êtres, la liberté, le respect de la raison ».

Aujourd'hui, loin d'être découragés par ce rejet et l'apathie qui a suivi, nous les fédéralistes européens sommes plus que jamais convaincus qu'il est temps de mettre fin à la parenthèse que nous vivons depuis dix ans. Et contrairement à ce qu'affirment les nationalistes de tous bords, nous ne souffrons pas de trop d'Europe mais bien de trop peu d'Europe, nous ne souffrons pas de trop de politique mais de trop de technocratie, nous ne souffrons pas de trop de concurrence mais de trop peu de coopération.

La gravité de la situation et l'évolution du monde sont tels que nous n'avons plus le droit de rester immobiles. Il nous appartient à nous fédéralistes européens de revenir sur le devant de la scène et de nous montrer dignes de nos prédécesseurs. L'avenir de l'Europe est entre nos mains, il doit être grand, il doit être politique et il doit être ambitieux. Il est donc temps de militer pour une nouvelle Constitution européenne.

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