Vous êtes Secrétaire d’État à la Justice, quelles sont vos attributions ?
Jean-Marie BOCKEL : « Il n’y a pas de périmètre délimité, j’ai obtenu du garde des Sceaux des attributions générales. Je travaille sur un certain nombre de grands dossiers pour lesquels nous ne sommes pas trop de deux, Michèle Alliot-Marie et moi. Vous m’avez vu à ses côtés à l’Assemblée lors du débat sur le projet de loi pénitentiaire. Je participe à la réflexion sur la réforme de la procédure pénale, qui n’en est qu’à ses débuts. Je suis aussi la mise en œuvre de la réforme de la carte judiciaire. »
Tout de même, vous avez été déçu de ne pas avoir hérité du dossier des prisons…
« J’ai effectivement été déçu, au lendemain de ma nomination, lorsque j’ai compris que mes attributions ne seraient pas aussi claires que je l’espérais. La déception s’est assez vite dissipée. Trois mois plus tard, nous sommes parvenus à un partage des tâches satisfaisant. Et je m’entends très bien avec « ma » ministre. »
Adopté il y a une semaine à l’Assemblée, le projet de loi pénitentiaire déçoit… La gauche et les associations vous reprochent d’avoir reculé sur le principe de l’encellulement individuel.
« Le texte adopté par les députés consacre de nombreuses avancées sur la condition pénitentiaire. Les associations qui l’ont critiqué considèrent que la prison n’a pas lieu d’être alors effectivement, quoi qu’on fasse, ça ne sera jamais assez. Le Sénat a voulu affirmer le droit à l’encellulement individuel (un détenu par cellule), même si nous n’avons pas les moyens de l’appliquer faute de places en nombre suffisant. Le gouvernement que je représente défend de son côté le principe d’un libre choix des détenus, considérant qu’une bonne loi est d’abord une loi applicable. J’ai bon espoir qu’un compromis puisse être trouvé en commission mixte paritaire. »
Le directeur de l’administration pénitentiaire, Claude d’Harcourt, a critiqué dans une lettre à ses directeurs un débat « régressif » et « escamoté »…
« M. D’Harcourt a eu une explication avec la garde des Sceaux, il se le tient pour dit, je ne reviens pas là-dessus. »
Qu’avez-vous pensé du lapsus de Nicolas Sarkozy sur les « coupables » de l’affaire Clearstream ?
« Ne comptez pas sur moi pour relancer le débat. J’observe juste que le président de la République est victime, dans ce procès, ce qui n’est pas le cas des prévenus qui ont été déférés sur la base de lourdes charges établies par des juges indépendants. »
Le ralliement à l’UMP du MPF de Philippe de Villiers et du CPNT (Chasse, pêche, nature et tradition) de Frédéric Nihous n’a pas été « facile » pour vous, ainsi que vous l’avez déclaré cet été.
« Ça va beaucoup mieux, dès lors que les conditions que j’avais posées pour un élargissement à droite ont été remplies. Nous avons défini une méthode qui va nous permettre de travailler à un projet commun, pour les régionales, en préservant l’aile gauche de la majorité, à commencer par mon parti, la Gauche moderne. »
Nicolas Sarkozy aurait peu goûté vos états d’âme…
« J’ai pu agacer, je m’en suis expliqué. »
La situation au PS ?
« Si j’y étais resté, je serais bien malheureux ! »
Propos recueillis par Nicolas BASTUCK.