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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 15:48

Merci aux  117 lecteurs de notre blog qui nous ont adressés des courriels pour demander de nos nouvelles. 

Car, il est vrai que depuis prés de trois semaines notre blog s'est fait pour le moins muet.

Mais, il tout aussi exact que ce ne fût point ; par rejet de l'actualité qui est pour le moins "chargée", par dépit de non réponse  à des courriels envoyés, par digestion complexe de certaines inepties que l'on peu lire dans la presse. Non NON NON

Il s'agissait tout simplement et bêtement d'un problème technique qui a fallu diagnostiquer et ensuite réparer.

Toutefois, ce temps passé sans outil informatique permets de relativiser, d'évaluer voire de nous projeter différemment dans nos analyses et propos.

Alors, Oui Nous Revoilà !!!   n'en déplaise à certains 

Oui Nous Revoilà !!

Avec une approche, qui sera une Parole Libre et tentera autant que faire se peut de faire entendre la voie d'un social libéralisme

--qui se souci de la réalité quotidienne de nos concitoyens (emploi, économie, logement, éducation, etc) ,

--qui se veut lutter efficacement contre les processus d'exclusion sociale,

--qui préconise des actions adaptées visant à prévenir et éviter la rupture du lien social et de fait de la fracture sociale qui s'annonce.

A DEMAIN

Merci de votre soutien et de vos nombreuses remarques qui font progresser ma réflexion 

Jean-Loup DUJARDIN

 

 

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 23:48

C'est l'un des titres de FO-hebdo cette semaine : un quart des 25 millions de salariés gagnent moins de 9 000 euros annuels. Soit 6,25 millions de personnes gagnant 750 € par mois, 73 % du SMIC.

CHÔMAGE: 2010, L'ANNÉE NOIRE POURQUOI LES FRANÇAIS NE SONT PAS PESSIMISTES QUAND JE SERAI GRAND, JE SERAI JOURNALISTE PRÉCAIRE

Il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les gros mensonges et les statistiques. » Pour en vouloir autant aux statistiques, Mark Twain devait sans doute être plus à l’aise avec la littérature qu’avec les mathématiques.

Le romancier américain se fait le porte-parole de ceux pour qui des chiffres ne seraient décrire la réalité sans la pervertir. Mais sa critique porte en réalité non pas sur les statistique elles-mêmes, mais sur ce qu’on leur fait dire.

Prenons, par exemple, la distribution, au sens statistique, des revenus des salariés. Le chiffre le plus communément retenu pour décrire cette réalité sociale est la médiane, qui séparent les salariés en deux parts égales.

Ainsi, en 2008, 50% d’entre eux touchaient-ils moins de 1 450 euros par mois, et 50 % gagnaient plus. Sauf que ne sont pas pris en compte l’ensemble des 25 millions de salariés que compte la France.

L’Insee doit, depuis peu, publier en plus un indicateur prenant en compte la totalité des salariés : ceux qui ont connu des périodes de chômage, des petits boulots, ou qui travaillent à temps partiel. Bref, tous les salariés qui ont travaillé au moins un jour dans l’année. Et le résultat donne alors à voir une autre France, d'où émerge un lumpenproletariat structurel, révélé cette semaine par Fo-hebdo.

Dès lors, la médiane tombe à 1332 euros. Mais c’est dans le bas de l’échelle que se font ressentir les différences. Les 25 % des salariés les moins bien payés touchaient moins de 9 000 euros net par an, soit à peine 73% du Smic, pour un revenu moyen de 3 710 euros, soit 30% du Smic.

Pour deux tiers d’entre eux, ce sont des travailleurs qui ont été amenés à multiplier les petits CDD à temps partiel payés au lance-pierre. Ceux-là ont travaillé 205 jours, s’ouvrant donc de tout petits droits au chômage. Au contraire du tiers restant, qui a occupé un vrai boulot mais sur une période réduite de moins de trois mois (peu ou pas de chômage à la clé). Comment pourrait-il en aller autrement ?

« En 2008, note l’Insee, en France métropolitaine, 25 millions de personnes ont été salariées dans l’année. Sur l’année, ces salariés ont occupé 26 millions d’emplois différents, d’après les déclarations annuelles de données sociales (DADS, annexe). Certains de ces emplois n’ont duré qu’une partie de l’année, certains sont à temps partiel. Finalement, ramenés à des emplois à temps plein toute l’année, ces 26 millions d’emplois en représentent 19 millions en équivalent temps plein (EQTP). »

On comprend donc que 6,25 millions de personnes sont obligées de jouer au jeu des chaises musicales sur un million d’emplois équivalent temps plein divisés en une multitude de petits contrats. Une sorte de time sharing du job. La statistique de l'INSEE est de celles qui mériteraient d'être méditées : elles témoignent de l'ampleur de la baisse de la demande en France.

Mais elle n'est pas de celles qui font la une des journaux...

Emmanuel Lévy - Marianne |

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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 23:27

Jean-Marie Bockel a été chargé par le premier ministre François Fillon d'une mission de six mois visant à apporter "une impulsion nouvelle" à la prévention de la délinquance en France.

 

Dans une lettre du 14 janvier, François Fillon demande à l'ex-secrétaire d'Etat de donner "une impulsion nouvelle" à la mise en oeuvre de la loi du 5 mars 2007 et au plan du 20 octobre 2009 relatifs à la prévention de la délinquance. Le président de la Gauche Moderne a quitté le gouvernement lors du dernier remaniement après avoir représenté l'un des symboles de l'ouverture voulue par Nicolas Sarkozy en 2007.

 

"La sécurité et la prévention, c'est la même chose"

Interrogé, Jean-Marie Bockel a expliqué avoir accepté cette mission pour tenter de faire passer le message que "la sécurité et la prévention, c'est la même chose". "Je considère que la politique sécuritaire de la France a touché ses limites et que l'erreur serait de basculer dans le tout sécuritaire qui n'a jamais fonctionné", explique-t-il . "On peut obtenir des résultats en donnant toute sa place à la prévention. Si ce message passe, j'aurai rempli ma mission", a-t-il fait valoir. "Il ne s'agit pas pour moi de remettre un rapport. Ma mission est d'abord opérationnelle. Elle a pour but de contribuer à la mise en oeuvre d'une politique de prévention, affichée comme une priorité, mais qui reste pour le moment encore en demi-teinte", a-t-il précisé.

 

Dans sa lettre de mission, le premier ministre demande à Jean-Marie Bockel de "mieux associer" les acteurs de la prévention à la relance de cette politique, "d'établir des contacts avec les auteurs d'expériences étrangères réussies" et de "dynamiser" le partenariat entre les maires, l'Etat et les acteurs publics et privés".

AFP

 

 

 

 

 

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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 00:37

Madame Roselyne Bachelot est-elle chargée d'enterrer les derniers espoirs que les personnes en situation de handicap ont d'être pris en considération dans des problèmes de société importants pour elles ?

La ministre de la Solidarité et de la cohésion sociale est plus explicite que le président Sarkozy ne l'a été. Ce dernier s'était contenté d'écarter, de façon « implicite »,  les personnes handicapées du champ de la réforme de la dépendance. Dans un récent éditorial (lire ici) j'évoquais cela, mais, depuis, madame la ministre Roselyne Bachelot a porté le coup de grâce.

Nous sommes obligés de constater que beaucoup des interlocuteurs du Président, comme du gouvernement se sont faits « rouler dans la farine » depuis plusieurs mois.

Depuis un moment, après n'avoir évoqué que les « personnes âgées dépendantes » quand il parlait de la réforme de la perte d'autonomie, le Président de la République, s'est voulu « rassurant » (ou « prudent » ?) avec les associations de personnes handicapées. Ainsi, le 13 septembre dernier, il affirmait aux associations que «la situation des personnes handicapées serait partie prenante de la réforme à venir sur la dépendance».

En novembre 2010, « la gazette santé-social »  titrait : « Réforme de la dépendance: des «décisions» mi-2011 . ( lire iciUne bonne synthèse, avant ...que l'on ne change d'année civile.

Car il n'y a pas eu de trêve des confiseurs en cette fin d'année 2010. En effet, est paru le 30 décembre 2010 le décret n° 2010-1764 portant la « création  du comité interministériel de la dépendance » (afficher ici)

Les dernières espérances de tous ceux qui voulaient voir les handicaps pris en compte dans cette grande réforme se sont éteintes à la lecture de l'article 2 de ce décret : « Le comité interministériel de la dépendance est chargé de préparer le débat national sur la dépendance des personnes âgées, d'en assurer le suivi et d'en tirer les conclusions ». Alea jacta est....

Cette volonté d'écarter les personnes handicapées des débats a été confirmée dans les jours suivants par madame Bachelot. Elle a ainsi mis en place très rapidement ce comité interministériel ( lire ici ). Il est composé de quatre groupes de travail, dont aucun ne concerne les problématiques liées aux personnes handicapées directement.

Madame Bachelot aurait pu en rester là. Mais, à peine le député Jean-François Chossy (Ump) a-t-il évoqué le dépôt d'une proposition de loi pour rendre possible le recours à des assistants sexuel pour des personnes handicapées, que la ministre a déjà annoncé son opposition la plus catégorique à cette initiative.

Ce métier reconnu dans de nombreux pays (informations ici) devraient, bien évidemment, bénéficier d'une formation spécifique, et d'un « cadre législatif » adéquate.

L'assistance sexuelle telle qu'elle est déjà en usage dans les pays du Nord de l'Europe, ou aux Etats-Unis et en Israël, par exemple, « consiste à prodiguer, dans le respect, une attention sensuelle, érotique et/ou sexuelle à une personne en situation de handicap ou à permettre à leur demande  l'acte sexuel à deux personnes qui ne peuvent l'accomplir sans aide ».

Dans un communiqué de presse cette semaine, on apprend la « Création de l'association CH(S)OSE : Pour un accès effectif à la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap » (afficher ici)

Il y a de réels besoins, comme l'indiquent l'ensemble des association de personnes handicapées ainsi que beaucoup de professionnels,  et Jean-François Chossy sait combien sa tâche va être difficile : « C'est un sujet plein de tabous, d'interdits, à mille lieux des préoccupations des Français. Il faut trouver les mots pour en parler, j'y vais sur la pointe des pieds pour essayer de convaincre car je marche sur un terrain fragile, voire miné », conclue-t-il dans une interview au journal Elle (voir ici). Le député ne s'attendait peut-être pas que le terrain lui soit ainsi « miné » par une ministre qu'il soutient, par ailleurs... ?

Beaucoup espéraient que 2011, avec les grands débats annoncés, verrait la perte d'autonomie prise en compte de la même façon quel que soit l'âge de la personne; beaucoup aussi espéraient que les personnes handicapées auraient enfin droit toutes à une vie sexuelle « ordinaire ».

Beaucoup d'espérances déçues.

Madame Bachelot et le gouvernement pourraient s'inspirer de Pierre Lecomte du Noüy, disant  : « Il n'existe pas d'autre voie vers la solidarité humaine que la recherche et le respect de la dignité individuelle ».

Jean-louis Fontaine


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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 00:00

Je serais né en 1931, j'aurais passé l'adolescence sous l'occupation nazie, mon père en camp de prisonniers en Allemagne, et j'aurai été enthousiasmé dans la vision de la société fraternelle que voulait en 1944 le Conseil National de la Résistance (1)...

J'aurais 80 ans en 2011, je serais horrifié par le dé-tricotage systématique du programme du Conseil National de la Résistance idéologisé par le MEDEF et réalisé par le Président de la République (2), j'aurais signé l'appel des (derniers) résistants aux jeunes générations en 2004 (3), car, bientôt (en montant les parties de la population les unes contre les autres), les jeunes, les aisés, les « en bon santé », accepteront-ils toujours à payer pour les vieux, les pauvres, les malades, condamnant ainsi ceux-ci à la double peine, ajoutant à leur fragilité la précarité sociale ?

Quel pacte républicain laisserais-je à mes petits-enfants, alors que les valeurs de liberté, égalité et de fraternité sont bafouées (4) ?

Quel contrat social laisserais-je à mes petits-enfants, alors que les principes de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 (article 13 : « Toute contribution est établie pour l'utilité générale : elle doit être répartie entre les contribuables, en raison de leurs facultés », repris par le Conseil National de la Résistance : « chacun contribue selon ses moyens, chacun bénéficie selon ses besoins »sont attaqués par un affidé du Président de la République (5) ?

Mais parlons un peu de moi, du haut de mes 81 ans...

J'ai eu la malchance de ne pas faire mon AVC avant 60 ans et il faut que je pense à ne pas le faire avant le 1er janvier 2011, car j'aurais alors 3 fois moins en moyenne - avec 5 fois moins en montant maximal - d'allocation pour payer mes différentes aides à domicile (différence entre l'Allocation Personnalisée d'Autonomie [APA] et la Prestation de Compensation du Handicap [PCH]) que si ma situation de handicap était survenue avant l'anniversaire de mes soixante ans...

Pourquoi pas avant le 1er janvier 2011 : c'est la date-limite (6) pour appliquer la convergence entre les champs du handicap et du vieillissement (7) voulue par le législateur (cf. article 13 de la loi du 11 février 2005 [8]

Mais j'oubliais que la France avait ratifié (certes en catimini [9] la convention internationale des personnes handicapées excluant toute discrimination d'âge pour la reconnaissance du handicap, je pourrais donc faire de suite mon AVC...

Je fais donc un rêve, cette France que j'aime est donc fraternelle, en 2011...

Alors pourquoi le Grand Orient de France a dû écrire un livre blanc sur le 5ème risque (10)et organiser un colloque surle thème « Prise en charge de la perte d'autonomie ou 5ème risque de protection sociale » (11), le 8 avril 2010 à l'Assemblée Nationale (12) ?

Alors pourquoi mon clone, de 28 ans plus jeune, aurait cherché à démontrer qu'un simple alignement de l'APA française sur l'assurance de soins de longue durée allemande ne coûterait que 100€ « bruts » (13) et 24,5€ « nets » (14)supplémentaires par an par Français de 20 ans et + ?

Loin des 30 milliards supplémentaires nécessaires, annoncés le 22 novembre 2010 par le Ministre du Budget (alors que le 1er Ministre indiquait le 22 novembre 2010 que, en fait, 22 milliards de ces 30 milliards d'euros étaient déjà utilisés aujourd'hui...), ces 1,16 milliards d'euros nets supplémentaires par an pour s'aligner sur la gestion de la « dépendance » en Allemagne (puisqu'après vouloir nous aligner sur les Etats Unis d'Amérique, il faut le faire avec l'Allemagne), ce n'est que 50% des dépenses de publicité des entreprises pharmaceutiques par an, 33% de la réduction de TVA pour les restaurateurs par an, 15% des dépenses annuelles des français pour leurs animaux domestiques, 10% des dépenses annuelles des français pour les jeux d'argent, 25% des réductions fiscales et sociales des 10% les plus aisés des français utilisateurs des services à la personne..., 25% de... Jérôme Kerviel, etc.

Une fois d'équerre le volume financier de l'APA, n'ayons pas peur d'un tsunami gériatrique(annoncé par un ancien ministre), car l'augmentation du nombre de personnes « dépendantes » sera, d'ici 2040, de 1% en moyenne par an (rapport Hélène Gisserot), ce qui sera tout à fait digérable, car cette augmentation sera moindre que celle du PIB, même si celle-ci stagne à 1,5%.

D'ailleurs, pouvons-nous encore parler de 5ème risque, avec le projet que nous mitonne le gouvernement, avec le maintien du montant actuel de l'APA à domicile que pour ceux qui pourront gager leur patrimoine ou se payer une assurance dépendance privée, les autres se la verront diminuer de moitié (15) ?

Cela étant, nombre de communes (16 et 17et de départements (18, 19, 20 et 21) se préoccupent de mon « bien vieillir », mais cette société du care, tant promue actuellement (22 et 23) n'est-elle pas, d'abord, une société de droit ?

Pour le respect de cette société de droit, « Indignez-vous », avec Stéphane Hessel. Pour celui-ci, à 93 ans, le « « motif de base de la Résistance, c'était l'indignation ». Certes, les raisons de s'indigner dans le monde complexe d'aujourd'hui peuvent paraître moins nettes qu'au temps du nazisme. Mais « cherchez et vous trouverez » : l'écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, l'état de la planète, le traitement fait aux sans-papiers, aux immigrés, aux Roms, la course au « toujours plus », à la compétition, la dictature des marchés financiers et jusqu'aux acquis bradés de la Résistance - retraites, Sécurité sociale -... Alors, on peut croire Stéphane Hessel, et lui emboîter le pas, lorsqu'il appelle à une« insurrection pacifique » » (4ème de couverture de l'ouvrage en librairie depuis le 20 octobre 2010, avec déjà plusieurs centaines de milliers d'exemplaires vendus : 32 pages, 3€, Indigène éditions, editions.indigene@wanadoo.fr, diffusion Harmonia Mundi [24]

Aussi, pour ces vœux de 2011, indignons-nous ensemble....

Jean-Michel CAUDRON, 53 ans...

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19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 10:50

 

CAFE POLITIQUE DE LA GAUCHE MODERNE


 

 lundi 24 janvier 2011 à 18 heures, à l'Entrepôt (Paris 14) sur le thème :

 

 

"Vox Populi ou Populisme, objet politique mal identifié"

 

avec

 

Max Gallo,

 

Membre de l'Académie Française

 

Stéphane Rozès,

 

politologue

 

 

 

Le lieu : l'Entrepôt 7 / 9 rue Francis de Pressensé 75014 Paris Métro Pernety

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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 00:59

CAFE POLITIQUE DE LA GAUCHE MODERNE


 

 lundi 24 janvier 2011 à 18 heures, à l'Entrepôt (Paris 14) sur le thème :

 

 

"Vox Populi ou Populisme, objet politique mal identifié"

 

avec

 

Max Gallo,

 

Membre de l'Académie Française

 

Stéphane Rozès,

 

politologue

 

 

 

Le lieu : l'Entrepôt 7 / 9 rue Francis de Pressensé 75014 Paris Métro Pernety

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 00:00

Troisième jour d'audience. C'était au tour des plaidoiries et du réquisitoire du parquet. L'occasion de voir trois façons de regarder cette affaire, trois points de vue qui ne profitent pas aux même parties.



rois débats pour le prix d'un. Ce vendredi 14 janvier, troisième jour du procès Zemmour,était l'occasion de voir la complexité de cette affaire. Cette après-midi (et début de soirée) était consacrée aux plaidoiries des avocats et au réquisitoire du parquet. Un grand moment de justice comme on les aime, où les avocats de part et d'autre ont pu montrer leur grande éloquence. Et accessoirement, leurs arguments.

C'est Me Patrick Klugman qui a ouvert le bal pour SOS Racisme. Il a d'abord montré l'importance du volet médiatique de l'affaire. Car Eric Zemmour est un des chroniqueurs les plus médiatisés de France, pour le meilleur et pour le pire. L'avocat a reconnu son « importance sur la scène médiatique française ». Il a demandé : « qu'est-ce qu'il fait de toutes ces places où toute la France l'entend »  Pour appuyer sa thèse, il a cité la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'Homme qui a souligné le fort impact que peu avoir le « canal hertzien » sur le public et donc la prudence qui incombait à ceux qui s'y expriment. « Le canal hertzien, c'est un bien commun, on ne peut s'en servir pour dire des insanités », a lancé Patrick Klugman. 

Cette question médiatique sera aussi abordée par Me Olivier Pardo, avocat d'Eric Zemmour, dans sa plaidoirie. Comme durant les jours précédents, il a pointé le contexte particulier des émissions où le prévenu s'exprimait. « La télévision s'est totalement transformée, on a maintenant de "l'infotainement" (...) Ce qui compte, c'est le spectacle », a expliqué Me Olivier Pardo. L'avocat en a donc appelé au tribunal  : « Dans un débat télévisé, la jurisprudence autorise à être péremptoire ». Olivier Pardo a aussi insisté sur la liberté de la presse : « Ce n'est pas aux associations de dire à un journaliste ce qu'il peut dire ».

On peut alors se demander ce que Zemmour va faire dans des émissions où on peut facilement se faire piéger. « La procureure dit qu'il n'avait qu'à pas y aller (chez Ardisson, ndlr), mais il va là où des gens le regardent », a répondu Me Pardo. Mais à trop chercher une tribune, Zemmour finira (si ce n'est pas encore le cas) par s'enfermer dans son rôle de réac de service. Il pourra toujours clamer que le contexte de telle émission est particulier, on lui répondra que personne ne le force à y aller.

DIFFAMATION ?
Mais n'oublions pas que nous sommes dans un procès. Les avocats ont aussi des arguments juridiques. Et là encore, Zemmour a failli. Mais pas sur le point qu'on le croit. En réalité, Zemmour est poursuivi pour deux phrases. D'une part, pour ses déclarations sur les origines des trafiquants sous le chef d'accusation de « diffamation raciale », d'autre part, pour avoir répondu « Ils ont le droit » à un intervenant qui dénonçait les employeurs discriminant à l'embauche les personnes d'origine étrangère lors d'une émission sur France Ô. Ce qui constitue une « provocation à la discrimination » raciale pour ses opposants.

Sur les premiers propos, c'est sur la constitution du délit de diffamation que se sont opposées les parties. Pour Patrick Klugman, Eric Zemmour a défini « une population comme criminogène en raison de ses origines ». L'avocat de SOS Racisme, a ensuite pointé « l'animosité personnelle» (qui caractérise la diffamation en droit ) de Zemmour envers les populations d'origine étrangère rappelant notamment les propos tenus par l'intéressé en novembre 2009 sur Arte : «Je suis de race blanche, vous êtes de race noire, c'est une évidence».

De son côté, Me Olivier Pardo a prôné une stricte interprétation de la loi. Il a d'abord souligné que la diffamation à caractère racial est définie par « l'imputation d'un fait qui porte atteinte à l'honneur » d'un groupe en raison de ses origines. Or, pour l'avocat, Zemmour n'impute aucun fait aux Noirs et aux Arabes. Me Pardo a rétorqué que « le sujet de la phrase est "les trafiquants"  » soulignant que Zemmour n'a « jamais dit  : "la plupart des Noirs et les Arabes sont des trafiquants" ». Sur l'animosité personnelle, il a rappelé que le chroniqueur n'a jamais été poursuivi ou condamné pour des faits de racisme auparavant.

FAILLE JURIDIQUE POUR ZEMMOUR
Sur les seconds propos incriminés concernant les discriminations, le chroniqueur semblait plus en difficulté. D'ailleurs, comme un aveu de faiblesse, Me Olivier Pardo n'a abordé ce point qu'en seconde partie de sa (longue) plaidoirie et durant nettement moins de temps. Il a argué qu'il ne peut y avoir de provocation au non-respect de la loi dans ce cas. Pour lui, « le provocateur, c'est celui qui dit : "même si c'est la loi qui dit que non, ils ont le droit" », citant l'exemple des faucheurs d'OGM. L'avocat a aussi rappelé que lorsque l'animateur de France Ô a dit que la loi interdisait les discriminations raciales, Zemmour n'a pas protesté. 

Me Pardo a, en revanche, abandonné l'axe précédent de défense du chroniqueur. Il avait affirmé, à plusieurs reprises à l'audience, qu'il ne connaissait pas la loi sur ce point. Soit, mais nul ne peut ignorer la loi. Un vieil adage juridique donc son avocat s'est sans doute souvenu avant de plaider.

Pour SOS Racisme, le délit est donc constitué : « Il n'est pas nécessaire que la provocation soit directe », a avancé Me Michael Ghnassia, le deuxième avocat de l'association, ni même « nécessaire qu'elle soit suivie d'effets ». La Licra, de son côté, a noté que Zemmour a employé le présent et non le conditionnel, une phrase qui aurait pu être prise comme une simple opinion et non comme une affirmation. La Licra a aussi rappelé que Zemmour avait affirmé que l'expression « Ils ont le droit » faisait référence à une « discussion précédente ». « A quelle phrase ? », a pertinemment demandé l'association. Me Pierre Mairat, avocat du Mrap, notera la même faille : « Même en regardant 50 millions de fois la vidéo, c'est incontestable ».

Dans son réquisitoire, la procureur a demandé la condamnation d'Eric Zemmour pour ces deux points sans proposer de peine précise. Pour ses propos sur les trafiquants, elle a en revanche demandé sa relaxe pour l'accusation de « provocation à la haine raciale » (supplémentaire à celle de diffamation). « Je ne crois pas que ces propos, fussent-ils excessifs, puissent pousser à rejeter ces personnes ou à des actes de violence », a-t-elle argumenté. Mais seule l'UEJF avait retenu cette qualification pénale contre Eric Zemmour, les autres associations s'étant limitées à des accusations de « diffamation raciale » et « provocation à la discrimination ».

PROCÈS POLITIQUE
Mais ce procès fut « évidemment politique ». Comme l'a dit Me Olivier Pardo qui y a vu un procès opposant « deux conceptions de la société française ». L'avocat a mis en parallèle « une société qui accueille en reconnaissant les différences et les communautés » et une autre avec une conception « assimilationniste ». Il a fustigé ces adversaires refusant de voir une « réalité » (concernant les causes de la délinquance), une « réalité qui constate l'échec de ces associations, en particulier SOS Racisme, dans leur objectif d'intégration ». Revenant sur l'emploi des mots « Noirs » et « Arabes », il a craint de voir « une extrême-droite qui se régalera de voir nos petits débats pour savoir s'il faut dire "Noir" ou "issu de l'immigration" ». 

D'ailleurs, les soutiens d'Eric Zemmour ne se sont pas trompés sur le vrai caractère du procès. A la fin de sa plaidoirie, Me Pardo a été vivement applaudi par la salle, rappelé à l'ordre par la président du tribunal. A sa sortie, Eric Zemmour a été applaudi par des jeunes militants de l'UNI, mouvement universitaire classé à droite. Des militants de Riposte Laïque étaient également présents.

En face, ses adversaires ont aussi souligné (sans forcément le dire) la portée politique de l'affaire. « Est-ce qu'on a encore le droit d'attaquer le racisme même quand cela ne concerne pas un néo-nazi ? », s'est demandé Me Klugman pour SOS Racisme. Me Pierre Mairat, pour le Mrap, a jugé que Zemmour « fait reculer le combat anti-raciste » avec ses propos. La Licra a, elle, a démenti toute volonté de censure. Elle « ne demande pas de faire taire Eric Zemmour mais de rappeler les limites de la liberté d'expression et "les limites, c'est la loi" ». « Nous n'avons rien à envier à la société américaine où on peut tout dire (...) on voit les dégâts dupremier amendement », a-t-elle ajouté.

Cet aspect politique efface parfois l'aspect juridique. Bizarrement, tout au long de ce procès et même du débat public qui l'a précédé, les détracteurs de Zemmour ont fait nettement moins référence aux propos tenus sur France Ô qu'à ceux tenus chez Ardisson. Un paradoxe vu que le chroniqueur était en difficulté juridique sur ce point. Cet évitement était compréhensible pour la défense qui voulait éviter de révéler une faiblesse, pas pour les associations anti-racistes. Mais du fait qu'Ardisson fait plus d'Audimat que l'émission de France Ô, la phrase sur les trafiquants a eu nettement plus d'impact politique et médiatique, il fallait alors surfer sur la vague. Les clefs de l'affaire Zemmour ne se limitent donc pas au Code pénal.
Tefy Andriamanana - 
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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 05:44

La délinquance, et notamment la délinquance juvénile, est-elle ethnique ?

Le sujet est notablement délicat, pour une raison simple : il laisserait entendre que la couleur de la peau prédestine à des vocations sociales douteuses, ce qui fait le lit du pire, à savoir une stigmatisation emballant tout le monde dans le même sac. Nous sommes au cœur de ce débat, avec le livre du sociologue Hugues Lagrange et le procès d'Eric Zemour.

Que leur reproche-t-on ? De nommer une réalité taboue dans ce pays, à savoir que la distance se creuse entre les minorités et la majorité visibles, que le cosmopolitisme et le multiculturalisme ne se profilent qu'au lointain, que le Front national travaille à une simplification délétère de cet échec et qu'à la seule justification qu'il « ne faut pas faire le jeu des Le Pen » (annoncée dans un sondage d'hier 14 Janvier à 18 %), on laisse le champ libre au durcissement antagoniste. C'est la stratégie syllogistique de l'« école des fans » : tout le monde a gagné, donc tout le monde a perdu.

Oui, malheureusement, Eric Zemour a raison de dire que la fixation des policiers sur les Arabes et les Noirs est liée au fait qu'un certain nombre d'entre eux se distinguent dans la pratique délictuelle. Non, mille fois non, la Halde ne renforce pas le stigmate et vise bien au contraire à l'effacer, car la discrimination raciale, lorsqu'elle n'est motivée que par la couleur de la peau et pas sur le seul critère de la compétence, reste une bombe à retardement.

Oui, mille fois oui, il est anormal que la couleur de la peau et la résonance patronymique entraînent une mise en quarantaine sociale insupportable pour ceux qui en sont victimes et qui ne rêvent que d'une seule chose, vivre en paix dans un Etat laïc après avoir fuit des pays qui ont fait de la religion un substitut dangereux à une cohésion sociale impossible à tenir.

Oui, il est plus difficile de s'appeler Mohamed que Patrick dans ce pays, que l'on soit ouvrier ou étudiant, et regarder ailleurs sans cadrer cette réalité nous mène droit au mur. L'immigration révèle un travers moderne : elle est indésirable et l'on ne peut s'en passer.

Il est dur d'être républicain quand on s'appelle Ahmed.

Il est dur d'être républicain quand on éprouve un sentiment ou la réalité de l'insécurité.

Ce débat peut avoir une fonction cathartique, celle de tomber les masques. Il faut maintenant élever le niveau, ce qui relève de l'utopie : dépolitiser le débat sur l'immigration, favoriser une immigration raisonnée, mettre en valeur la richesse migratoire, le tout dans un contexte d'hystérie et de tyrannie médiatique.

Autant dire que le défi est himalayen et que cette confrontation féline, deux chats qui s'observent des heures avant d'en découdre, a de fortes chances de déboucher sur un scénario conflictuel.

Si nous voulons l'éviter .  

Il nous faut nous mobiliser:                                                                                                                                                                                 -- pour que  notre  devise  "Liberté Egalité Fraternité" retrouve tout son sens,                                                                                               -- pour que dans les débats (incontournables aujourd'hui) de société  l'esprit républicain soit au centre de la  démarche et la dignité humaine dans la recherche de solution !!!

Pour cela, il nous faut Apprendre pour Comprendre Comprendre pour Agir.


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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 02:46

Deuxième jour du procès Zemmour, plusieurs témoins sont venus à la barre pour témoigner en faveur ou défaveur du chroniqueur. Le sujet de l'immigration est encore tabou pour certains.



ric Zemmour est décidément étonnant. Étiqueté comme « réactionnaire » par Libération, il a invité à son procès des témoins allant d'Eric Naulleau à Xavier Raufer, criminologue conservateur, grand opposant à la « culture de l'excuse ». Mais quelle que soit leur couleur politique, ses soutiens ont un même avis : Eric Zemmour a le droit de s'exprimer, quitte à choquer.

Jeudi 13 janvier se poursuivait donc l'audition des témoins dans le procès Zemmour. Le premier à intervenir fut Louis Schweitzer, ex-président de la Halde, cité par SOS Racisme. Celui qui fut aussi PDG de Renault (entreprise déjà condamnée pour discrimination raciale ), est parti dans une longue et lourde explication juridique sur l'état du droit en matière de discriminations. Il a aussi noté qu'elles touchent plus particulièrement les gens « issus du Sud de la Méditerranée ». Au même titre que les handicapés sont des « personnes à mobilité réduite », il ne fait pas bon dire que les noirs sont noirs.

LES FAILLES DE LA HALDE
Me Olivier Prado, avocat d'Eric Zemmour, a d'ailleurs taclé Schweitzer à ce sujet : « Vous n'utilisez jamais les mots "noirs" et "arabes" » ? « Parfois » a répondu l'ex-directeur de cabinet de Fabius. Me Prado lui a alors demandé si Barack Obama est Noir : « Aux USA, son père est noir, sa mère est blanche ». Et Michelle Obama : « Aux USA, elle est considérée comme née de parents noirs ». Joli débat sémantique mais il est vrai que dire black est nettement plus branché.

Autre faille de Louis Schweitzer, également ex-président du conseil de surveillance du Monde, la politique de la Halde. Et là, Me Olivier Prado a choisi de l'attaquer par l'absurde. L'avocat a pris l'exemple des discriminations en fonction du sexe et a noté que l'Eglise catholique refuse toujours les femmes au sein de la prêtrise. « On pourrait tenter un procès sur ce sujet », a répondu le témoin. 

Idem avec l'affaire Baby Loup. L'employée d'une crèche avait été licenciée au motif qu'elle portait le voile. Ce licenciement avait été contesté par la Halde, du temps de Louis Schweitzer mais validé par les Prud'hommes. A l'inverse, Jeannette Bougrab, successeure de Schweitzer avant d'entrer au gouvernement, avait soutenu la position de la crèche. Me Prado a alors demandé si c'était le rôle de la Halde de dire le droit. Schweitzer a dû reconnaître que ce n'est « pas le rôle de la Halde de dire le droit à la place du juge ».

L' «AVEU DE FAIBLESSE» DE SOS RACISME
Puis ce fut au tour d'Eric Naulleau, complice d'Eric Zemmour dans « On n'est pas couché », de venir à la barre. D'emblée, il a précisé : « Si je devais attaquer Eric Zemmour à chaque désaccord, je passerai ma vie au tribunal ». Le chroniqueur a également signalé le contexte particulier dans lequel Zemmour avait prononcé les propos incriminés : « Dans cette émission (de Thierry Ardisson, ndlr), on ne peut pas argumenter, ce sont des échanges sur le modèle du ping-pong ». Il a ajouté que c'était différent sur le plateau de France 2.  « Peut-être qu'Eric Zemmour a négligé cet aspect de l'émission d'Ardisson », a regretté le témoin.

Mais Eric Naulleau a soulevé un point sensible lors de son audition. Il a fustigé les parties civiles (Sos Racisme, Licra, Mrap, Uejf) qui « refusent le débat intellectuel », « une défaite de la pensée », « un aveu de faiblesse » pour lui. « Le débat (sur les causes de la délinquance, ndlr)devrait avoir lieu dans un colloque et pas au tribunal », a-t-il martelé. Il s'est aussi permis une pique assez salée : « Eric Zemmour a lancé un débat, il a plus fait pour la lutte contre les discriminations que quelques bonnes âmes avec leurs pétitions ».

Sur ce point, Eric Naulleau ne sera pas repris par les parties civiles. Elles ont préféré se concentrer sur la forme et les conditions de production des propos d'Eric Zemmour. Il est vrai que c'est le plus gros point faible du chroniqueur, qui ne demande jamais à visionner les émissions après montage. D'ailleurs, ses adversaires ont souligné que ses critiques sur le montage de l'émission d'Ardisson pouvait apparaître comme un rétropédalage. Revenu à la barre, Zemmour a vivement protesté : « J'assume toujours mes propos, quelles que soient les conséquences », jetant un regard noir sur Me Christian Charrière-Bournazel, avocat de la Licra.

PEU DE DÉBAT DE FOND
Mais on a aussi tenté de parler du fond. Plusieurs intervenants sont venus exposer différentes données sur les origines des délinquants. Pierre Manzoni, préfet de l'Allier, a été peu convaincant renvoyant vers un rapport des Nations Unies sur la nationalité des trafiquants d'êtres humains. Lucienne Bui-Trong, ex-chef de la section Ville et Banlieues aux RG, a été plus précise et s'est basée sur une des études montrant que, dans les années 1990, « 85% » des « meneurs de violences urbaines » avaient un nom à consonance maghrébine. Les parties civiles lui opposeront que son travail est resté justement limité aux quartiers sensibles alors qu'Eric Zemmour parlait des « trafiquants » sans distinction de territoire.

Une autre étude a été citée par plusieurs témoins. Un rapport de 2002 par une commission d'enquête du Sénat sur la délinquance des mineurs pointait une « surdélinquance des jeunes issus de l'immigration » se basant sur les travaux du sociologue Sébastian Roché. Ces chiffres montrent notamment que 22,3% des jeunes ayant deux parents de nationalité d'un pays du Maghreb ont déjà commis plus de dix actes peu graves de délinquance contre 13,1% des enfants de Français. 

Malek Boutih, à l'époque président de... Sos Racisme, avait témoigné devant cette commission notant qu'« il y a plus de "bronzés" que de blancs dans les centres de jeunes détenus ». Il avait ajouté : « Par ailleurs, dans les familles d'immigrés, les enfants prennent très vite le pouvoir. Déjà, d'une manière générale en France, le rapport au savoir a tendance à s'inverser en raison des modifications technologiques, des nouveaux rapports urbains, et les jeunes générations ont parfois une meilleure connaissance que leurs parents de la société. Alors, chez les immigrés, imaginez !... »

« LES MAGHRÉBINS SONT-ILS ARABES ? » (MRAP)
Les parties civiles trouveront un argument de poids face à ce rapport. Les enfants d'immigrés, ce ne sont pas les « noirs et les arabes », évoqués par Eric Zemmour, donc Zemmour a tort, donc il mérité d'être condamné. Me Pierre Mairat, avocat du Mrap a vivement débattu du sujet avec le préfet Manzoni. Claude Goasguen, député UMP de Paris, témoin cité par Eric Zemmour, répondra lui : « Si l'immigration, ce n'est pas les noirs et les arabes, qu'est-ce que c'est ? », déclenchant les foudres des parties civiles. L'écrivain Denis Tillinac subira la même question de l'avocat du Mrap : « Quelle est la géographie, la nationalité d'un Noir ? Les Maghrébins sont-ils arabes ? Et les Kabyles ? ».

Avec de telles discussions sémantico-génétiques, on en oublie le débat de fond. Qu'on soit d'accord ou pas avec Eric Zemmour, il devrait être permis de s'interroger sur les causes non économiques de la délinquance. On peut contester les détail des instruments de mesure, mais se contenter de dire que la pauvreté est l'unique cause mécanique de la délinquance ne mène pas très loin. Mais les parties civiles n'aborderont jamais ce point, et les témoins de Zemmour, tel Xavier Raufer, n'ont jamais vraiment insisté non plus, rapportant juste quelques statistiques avec plus ou moins de brio.

Là est justement le problème. Le tabou du débat sur les causes extra-économiques de la délinquance fait qu'il n'est évoqué qu'au mieux chez Ardisson, au pire au tribunal. « Personne n'a de difficultés à parler de statistiques sur l'immigration ou des noirs et des arabes », a pourtant dit l'avocat du Mrap. Pour le prouver, il aurait alors fallu traiter Eric Zemmour comme un adversaire politique et non comme un délinquant. 
Tefy Andriamanana
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